Gilles Kepel: un analyste de l’Islamisme contemporain et des relations internationales

Gilles Kepel, né le 30 juin 1955 à Paris, est un politologue français. Spécialiste du monde arabe contemporain et de l’islamisme radical, essayiste, il est professeur émérite à l’université Paris Sciences et Lettres. Gilles Kepel est le fils d’un intellectuel d’origine tchèque, traducteur de Václav Havel, et d’une professeure d’anglais niçoise. L’un de ses grands-pères traduisit Guillaume Apollinaire en tchèque. Il termine ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand. Il milite brièvement à la Ligue communiste. Il suit une classe préparatoire littéraire. Il découvre le Moyen-Orient durant l’été 1974 en se rendant en Syrie. À son retour, il s’inscrit à des cours d’arabe2 à l’université Paris III – Sorbone Nouvelle, au sein du campus établi à Censier. Diplômé de philosophie et d’anglais, il termine sa formation d’arabisant à l’Institut français du Proche-Orient en 1978. Il est ensuite diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (section Relations internationales, promotion 1980). Il obtient une bourse pour réaliser au Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) du Caire sa thèse de doctorat sur les mouvements islamistes contemporains, et plus spécifiquement sur les Frères musulmans — qui assassinent le président Anouar el-Sadate un an après son arrivée. Soutenue en 1983, sa thèse mène à la publication de son premier livre Le Prophète et Pharaon en 1984. Premier ouvrage analysant l’islamisme militant contemporain, il constitue encore aujourd’hui une référence. En 1993, il obtient une habilitation à diriger des recherches. Il devient chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et effectue des enquêtes sur le développement de l’islam en France en tant que phénomène social et politique. À la suite de cette étude de terrain, il publie en 1987 le livre Les Banlieues de l’islam, ouvrage qui lui vaut des critiques de milieux de gauche pour qui il « fait le jeu de Jean-Marie Le Pen ». Il y analyse l’influence grandissante des Frères musulmans et de l’Arabie saoudite dans les banlieues ainsi que le lien entre demande identitaire et enracinement. En 1991 il publie La Revanche de Dieu (vendu à 60 000 exemplaires, traduit en vingt langues), qui constitue une étude comparée des mouvements politico-religieux émanant du judaïsme, de l’islam et du christianisme. Il effectue des enquêtes de terrain sur les populations afro-américaines musulmanes aux États-Unis, avant de publier, à partir des affaires Salman Rushdie et du voile de Creil, À l’ouest d’Allah (1994)4 traduit en anglais en 1996 (Allah in the West). En 1995 Gilles Kepel est nommé directeur de recherche au CNRS, puis professeur associé à l’université Columbia et l’université de New York, où il prépare son livre Jihad, une étude globale du monde musulman, de l’Indonésie à l’Afrique (traduit en douze langues). Malgré le succès commercial de Jihad au moment de sa publication, il est critiqué après les attentats du 11 septembre 2001 à la suite du parti pris de l’auteur concernant l’échec de l’islam politique en tant que facteur de mobilisation à la fin des années 1990. En 2001 Gilles Kepel est repéré par Richard Descoings qui le nomme professeur de science politique à Sciences Po. Il contribue à la fondation du campus Moyen-Orient Méditerranée, ainsi que du Forum EuroGolfe. En décembre 2010, le mois de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid (Tunisie), qui est le point de départ du « Printemps arabe », Sciences Po sous la direction de Richard Descoings décide de fermer la chaire Moyen-Orient Méditerranée. Gilles Kepel est nommé membre senior de l’Institut universitaire de France pendant cinq ans (2010-2015), ce qui lui permet de revenir à ses travaux de terrain. Il est également nommé professeur invité à la London School of Economics en 2009-2010. En 2013 il décrit les révolutions arabes à travers l’ouvrage Passion arabe (Prix Pétrarque de France Culture, « Meilleur livre de l’année » selon Le Monde). En 2014 il publie Passion française, une enquête analysant la première génération de candidats issus de l’immigration musulmane aux élections législatives, principalement à Roubaix et à Marseille. Il s’agit du troisième livre de la tétralogie de Gilles Kepel, qui se termine avec Terreur dans l’Hexagone en 2015, mettant en perspective les attentats jihadistes en France. La publication de ce best-seller fait de Gilles Kepel une figure intellectuelle médiatique, mais aussi une cible des djihadistes. En 2016 il publie La Fracture, basé sur des chroniques radiophoniques effectuées sur France Culture entre 2015 et 2016, analysant l’impact du djihadisme au moment de la multiplication des attentats sur le sol français et européen. Selon lui, la « multiplication d’actions atroces et spectaculaires a pour but de provoquer une « fracture » – d’où le titre du livre – censée isoler les musulmans de France, transformés, du coup, en réservoir de djihadistes ». En 2018 il publie Sortir du Chaos. Les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient, une analyse des différents événements majeurs au Moyen-Orient, depuis la guerre d’octobre 1973, suivie de l’explosion des prix du pétrole et de la prolifération du jihad, à travers ses trois grandes phases depuis l’Afghanistan et Al-Qaïda. Dans cet ouvrage, Gilles Kepel propose également le premier récit complet rétrospectif des six principaux soulèvements arabes, de la Tunisie à la Syrie. Il est accusé par François Burgat d’avoir agressé son doctorant Pascal Ménoret, en 2008, lors d’une soirée à Middle East Association (en) de Washington. Gilles Kepel aurait été exclu de l’association. Ménoret avait rédigé un pamphlet sur Kepel quelques années plus tôt que ce dernier avait peu goûté. Invité dans l’émission Répliques par Alain Finkielkraut, Kepel présente une version différente des faits face à François Burgat, expliquant avoir fait sortir son détracteur sans l’avoir violenté. Depuis plusieurs années, Gilles Kepel est en profond désaccord avec le politologue Olivier Roy sur l’analyse des causes du terrorisme islamiste en France. Le sociologue Vincent Geisser, quant à lui, l’accuse de contre-vérités, de raccourcis simplistes, et d’une tendance à « islamiser » à outrance les problèmes des banlieues. Gilles Kepel affirme que l’un des objectifs des islamistes est de fracturer la société française. Bien qu’issu lui-même de la gauche, Il affirme qu’une partie de la gauche française est devenue naïve, voire complice par son aveuglement criminel.

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